Dans les années soixante-dix, les cités fleurissaient sur l'ensemble du territoire. Dans notre petite ville, à Berre l’Etang naissaient nos quartiers, Béalet, Cabrianne, la Molle, ou les Bessons. La tour était notre tour de Babel, visible même de l'autre côté de l'Etang. Les logis se soulevaient de terre, le Prisunic était notre garde manger, la piscine municipale était à ciel ouvert... On faisait des cabannes à la Guyenne ou aux cannières. Le Cinéma le Progrés passait les films de Bruce Lee et celui du Chalet des films interdits aux enfants... La mode était aux pates def, aux Nebuloni pour les grands et le disco résonnait dans nos têtes. Les 12 avaient des moumoutes sur les volants et une estafette vendait du poisson sur la place. La ville était encerclé par les hauts murs de la raffinerie et de la base aéronavale. Nous étions comme dans un cocon.
Certains venaient d’ailleurs, d’Italie, d’Espagne, du Portugal ou du Maghreb. A Berre, nous entendions toutes les langues lors du marché du jeudi, mais les enfants étaient tous berrois.
Combien d'histoires, de visages, de moments heureux ou malheureux avons nous en mémoire ?
C’est un peu l’ambiance de cette époque que nous vous proposons à travers ce spectacle « Cité Babel ». Rachid Bouali, ce petit nordiste, fils d'immigrés Kabyles, nous raconte son enfance dans une petite ville du Pas de Calais. Hem ressemble un peu à Berre l'Etang, son quartier "la Lionderie" est le même quartier de notre enfance. Ce spectacle est notre madeleine de Proust ou mieux encore les chichis du Père De Filippo avec toutes ses saveurs intactes.
Avec ce spectacle, on rit et on se souvient de notre enfance. À voir et à revoir en famille.
Cité Babel de Rachid Bouali
Rachid Bouali est né dans les années soixante dans le département du Nord et a grandi dans la petite commune de Hem. Là en 1974, sa famille originaire de Kabylie s’installe, dans le quartier de Lionderie dans l’immense barre d’immeuble, symbole de confort et de modernité. Rachid va y passer son enfance. Avec Cité Babel, il se souvient, il collecte et il rêve aussi.
Rachid Bouali est seul sur scène, il nous raconte ses 12 ans, ses copains, ses parents kabyles et les gens du nord. Il campe une multitude de personnages tous très attachants.
Il y a Belkacem, le jardinier sauvage, qui plante des légumes dans tous les endroits publics inoccupés, Belkacem poète écolo bien avant l’heure.
Des légumes pour tout le monde, courgettes, potirons… betteraves.
Il y a Quinquin qui attend tous les jours une lettre de son père, « homme d’affaires en voyage », père qu’il n’a jamais vu.
Et la bande de copains du quartier qui finit par lui envoyer des lettres, postées d’Hem, lettres fabuleuses de ce soi-disant père.
Il y a Darbish, le petit agneau acheté pour l’aïd. Darbish, mascotte de tous les gamins, finalement devenus… énorme bélier. Le jour du sacrifice, protestation des enfants, fuite du bélier, ramdam dans tout le quartier. Le bélier finira par échapper au sacrifice et s’échapper pour de bon.
Où est-il maintenant ? Peut-être a-t-il rejoint la voûte céleste ?
Il y a aussi Madame Pocherin qui ne sort jamais de chez elle, repliée dans son petit confort 100% formica, avec le petit Jésus accroché au mur, mais face à la télé, « Pour pas qu’il s’ennuie ».
Il y a la famille Da Silva, portugaise, pratiquante, toujours tirée à quatre épingles pour aller à la messe,
croisant en le saluant très respectueusement le sacrificateur du bélier Darbish.
Il y a Aziz et les combines de son petit frère Biloulou ; il vendait régulièrement son chien dans les fermes environnantes et à tous les coups la bête, bien dressée, rentrait chez son maître !
Il y a Souad, la Chaldéenne. Chaldée, Mésopotamie, berceau de l’humanité. Souad et son odyssée incroyable. De Bagdad à Hem, avec une traversée de l’Euphrate en barque, passage en Syrie, Turquie, puis retour forcé en Irak. Nouveau départ : destination le Canada. À nouveau la Syrie, Istanbul, L’Allemagne… La Belgique, jusqu’à la frontière française. Après neuf mois d’une odyssée dantesque, Souad arrive enfin dans la ziggourat de la Lionderie.
Dans les années soixante-dix, les cités fleurissaient sur l'ensemble du territoire. Dans notre petite ville, à Berre l’Etang naissaient nos quartiers, Béalet, Cabrianne, la Molle, ou les Bessons. La tour était notre tour de Babel, visible même de l'autre côté de l'Etang. Les logis se soulevaient de terre, le Prisunic était notre garde manger, la piscine municipale était à ciel ouvert... On faisait des cabannes à la Guyenne ou aux cannières. Le Cinéma le Progrés passait les films de Bruce Lee et celui du Chalet des films interdits aux enfants... La mode était aux pates def, aux Nebuloni pour les grands et le disco résonnait dans nos têtes. Les 12 avaient des moumoutes sur les volants et une estafette vendait du poisson sur la place. La ville était encerclé par les hauts murs de la raffinerie et de la base aéronavale. Nous étions comme dans un cocon.
Rachid Bouali est né dans les années soixante dans le département du Nord et a grandi dans la petite commune de Hem. Là en 1974, sa famille originaire de Kabylie s’installe, dans le quartier de Lionderie dans l’immense barre d’immeuble, symbole de confort et de modernité. Rachid va y passer son enfance. Avec Cité Babel, il se souvient, il collecte et il rêve aussi.